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mardi 21 octobre 2014

du blues dans le "disco soupe"



Quand en 1985 Coluche créait les Restos du cœur, il était loin d’imaginer que 30 ans plus tard, ce qu’il voyait au départ comme un réseau provisoire de distribution de surplus de l’alimentation industrielle aux plus démunis serait institutionnalisé et participerait à la bonne conscience collective, notamment à travers la surexposition des « Enfoirés ». Ce qui a été institutionnalisé, à partir d’un élan de générosité face à une paupérisation croissante, est bien la précarisation alimentaire. Puisque l’Etat français accepte les riches, il fait aussi avec ses pauvres et, dépassé par l’urgence chronique, démissionne de ses responsabilités publiques, en s’appuyant, sur ces associations de collecte alimentaire (rien que pour les restos du cœur plus de 130 millions de repars distribués en 2012). La situation est doublement perverse aujourd’hui, car elle participe au maintien d’un système économique mondialisé, générant un gaspillage alimentaire insupportable quand on sait que 40 % des produits commercialisés en Europe sont jetés, le champion toute catégorie confondue de cette faillite consumériste restant la grande distribution.
S’agissant justement de la grande distribution, on a bien vu que la gestion de l’excédent alimentaire, arrivant à la fin du cycle de vente (date de péremption) n’avait pas bien été intégré quand, pour certaines enseignes, la seule réponse qu’elles apportaient était de stigmatiser la population la plus vulnérable (produits aspergés par de l’ammoniac, directement dans les bennes, pour être impropres à la consommation).
Mais les mentalités évoluent, pas dans le sens où certains d’entre nous le comprennent, parce que l’impact en terme d’images est désastreux. Il ne faudrait donc pas que tout acte de participation sociale justifie le maintien d’une filière agro-alimentaire productiviste, polluante, qui généralise le statut de travailleurs précaires et porte atteinte, au final, à la question de salubrité publique.
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Comment peut-on se réjouir alors de l’émergence de mouvements comme le « disco-soupe » ? Si la collecte alimentaire, constituée essentiellement de denrées périssables et fraîches, était basée sur l’approvisionnement à partir d’une filière respectueuse de l’environnement et de l’humain, il n’y aurait aucune raison valable de s’interroger. Maintenant, le mouvement annonce qu’il a sauvé de la poubelle plus de 25000 kg de fruits et légumes en 2014. Ce chiffre, au regard d’un marché plus conséquent, reste symbolique. Sauf que, même si la grande distribution est écartée d’office, solliciter des importateurs de fruits et légumes n’apporte aucune garantie quant aux seuils de tolérance à ne pas franchir. Si le mouvement « disco-soupe » devait s’étendre, est ce que le seul réseau de magasins bio suffirait à répondre à une exigence de conscience vertueuse ? Pourrions-nous éviter les pièges du maintien de la précarisation alimentaire ? D’autres initiatives citoyennes répondent plus à la cohérence d’une vision globale, comme l’exemple de la distribution de fruits et de légumes bio, de proximité, en direct, gratuite ou selon l’échange d’une participation libre, en cas de sur production ou d’invendus. La solidarité alimentaire se substitue alors à une forme d’attitude caritative car elle s’éloigne d’une logique de rentabilité des marchés de production.

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