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samedi 28 mars 2015

Le film "C'est bâché !". Suite et fin

La première partie de l'article "C'est bâché !" précisait que Plougastel-Daoulas (29) présentait toutes les caractéristiques d'un site pollué par l'abandon et le rejet de film plastique. 
La conscience passive
Les différents intervenants autour de la question des déchets, que ce soit l'Ademe (Etablissement public et agence de l'environnement) ou la Chambre d'agriculture du Finistère (programme Adivalor pour la collecte et la valorisation des déchets d'origine agricole) reconnaissent indubitablement que l'origine de cette pollution est agricole et que le préjudice sur l'environnement est perceptible. Sauf que lorsqu'ils sont interrogés sur les moyens d'action à mettre en oeuvre pour concevoir une dépollution du site par une intervention sous forme de collecte des bâches, chacune de ces institutions se renvoie la balle (ne parlons pas des industriels aux abonnés absents). Quand d'un côté l'Ademe avance que ce sont les professionnels qui doivent se saisir du passif, de l'autre côté, le représentant de la Chambre d'agriculture considère que les moyens financiers à dégager pour ce type d'opération ne peuvent provenir que de fonds publics. A l'entendre d'ailleurs il est déjà trop tard; le délitement entraîne une collecte impossible à traiter car, d'après lui, les processus techniques ne le permettent pas, en tout cas ne concourraient pas à une bonne valorisation du déchet.
Les conséquences 
Comme le prouve le relevé d'anciens dépôts, le phénomène est généralisé à toute la presqu'île. 
Keramenez


La Roche


Leur ar marc'h


Lezhaouidig


Estuaire de Pontkalleg















L'ampleur est telle que le plastique est devenu un élément à part entière de l'écosystème de la commune. Il est si confondu au paysage que les regards l'ont banalisé ou que les gestes l'ont désavoué dans des ares inaccessibles. Il se niche dans les friches, s'est fixé dans les systèmes racinaires, dans les champs cultivés, les chemins de randonnées ou en bout d'estuaires
. Les conséquences sont multiples et irréversibles. Il participe au confort de la faune locale. Comme l'atteste cette photo le plastique figé par l'action de la chaleur forme un bloc compact et abrite un escargot de Quimper. Inéluctablement, le plastique se propage dans la nature et cohabite sur les talus. Le long des 150 mètres de celui-ci, la plastique rivalise avec les arbustes et s'octroie une place de choix qui ne sera pas remise en cause du fait de sa longévité. 
A toutes fins utiles il est bon également de rappeler que le plastique est un absorbant, une éponge à pesticides. Pendant des décennies, l'usage du bromure de méthyle (fongicide) était courant chez les fraisiculteurs, appliqué par pulvérisation sur les cultures, reconnu efficient pour la stérilisation des sols. Très volatil et très toxique, il a été interdit comme produit biocide à partir de 2006 et totalement exclut du marché en 2010. A savoir aussi que le bromure de méthyle n'est qu'un produit phytosanitaire parmi tant d'autres utilisés en protection de la culture de fraise (D'après le site actu-environnement, 65 % des échantillons analysés en France contiennent des perturbateurs endocriniens). Donc à défaut de la publication d'études de toxicité, la contamination du sol par l'ensemble de ces pesticides n'est pas à exclure et notamment par un phénomène de lessivage.
Action !
Inutile de préciser que la tâche de dépollution est incommensurable, dès lors que la responsabilité des organisations se fourvoie dans des considérations financières. Ce n'est pas ce qui m'arrête. A travers l'association Parallèle Prod, qui veut mettre l'art au service de la nature, des actions de démonstration sur site seront menées. Puisqu'ils sont irresponsables, l'art plastique sera l'expression d'une nouvelle façon de conjurer le sort, les obligeant à réagir. Il ne s'agit pas de "faire à la place des autres". Il s'agit de poursuivre le désaveu.





vendredi 20 mars 2015

Le film "C'est bâché ! ". Partie 1

Talus - La roche - Plougastel-Daoulas
Pollution bâches plastiques
Qu'est ce que le polyéthylène ? Le polyéthylène est un polymère de synthèse, issu en partie de la pétrochimie. Comme il présente des caractéristiques de fabrication simple et peu coûteuse il est employé massivement dans l'emballage plastique (alimentaire) ou dans l'agriculture (film plastique fin). Sa classification le signale "sans danger pour l'usage alimentaire". Pourtant, et oui pourtant, ce polymère a un gros défaut : abandonné ou rejeté dans la nature il devient un déchet et donc présente tous les symptômes d'une pollution.
Pour décourager les contrevenants, il existe un arsenal législatif conséquent et notamment la directive européenne du 15/07/1975. Ce texte fait référence en matière d'obligation d’élimination des déchets et notamment ceux issus de l'activité agricole, dénommés Déchets exogènes agricoles (DEA). Malgré tout, les producteurs de fraises et les autres maraîchers de Plougastel-Daoulas n'ont pas dû prendre connaissance de ces contraintes européennes, à constater l'état de délitement avancé des bâches plastiques déposées en quantité sur la bordure des champs. Pourtant, et oui pourtant, cette directive communautaire prend ses origines dès le début de l'essor d'une agriculture productiviste. Négligence ? J'en foutisme ? Quelle que soit la raison de ce délabrement paysager, c'est une nouvelle fois la nature qui supportera l'inconséquence et l'irresponsabilité des hommes. 
Explications sur une calamité environnementale endémique
Fond de l'anse à Pontkalleg
Dans le courant des années 60 la production de fraises en plein champ se cherche un second souffle. L'arrivée de l'innovation technologique, par la méthode du paillage plastique, va améliorer les conditions culturales (moins de désherbage, nouveau confort hygrométrique pour la plante, diminution des attaques d'insectes nuisibles,...). A partir de 1973 tous les fraisiers sont cultivés sur polyéthylène ce qui représente une surface de plus de 600 ha sous plastique (l'échalote est produite de la même façon). La période de la récolte terminée, il faut penser à l'entretien des parcelles. A défaut de chiffres concomitants à l'absence d'une filière organisée dans la collecte des DEA, difficile de se faire une idée précise sur la quantité de m2 de rouleaux de bâche plastique qui a couvert le sol et qui a été extraite du milieu durant ces décennies, même si au cours des années 80 la production de fraises chute considérablement (300 T par an). Toujours est-il que plus de 40 ans d'exploitation intensive de film plastique laisse des traces visibles sur le territoire de la commune alors même que le mode de production a évolué à partir de 1990 par l'apparition de jardins suspendus installés sous serres.  
Plougastel : site pollué...
En effet, à défaut d'une réaction, sur cette période, d'un marché toujours plus tourné vers le productivisme et le hors-sol (la tomate finit pas supplanter la fraise), les bâches, qui couvraient les talus, qui se camouflaient dans les sous bois, se désagrègent sous l'action conjuguée de l'eau et de l'habitat naturel (couverture végétale, friches). Résultat : un phénomène de dispersion des éléments qui s'accentue et se répand inexorablement en surface, en fond d'estuaires et dans le milieu maritime. A cela s'ajoutent un piétinement pédestre régulier qui pérennise les déchets dans le sol, un passage mécanique d'engins agricoles dans les parcelles qui broient la matière plastique présente et c'est bâché !
Plastique dans un champ de colza
A en croire la définition donnée par le Ministère de l'Ecologie, Plougastel-Daoulas présenterait les aspects d'un site pollué, car selon leur source "un site pollué est un site qui, du fait d'anciens dépôts de déchets ou d'infiltration de substances polluantes, présente une pollution susceptible de provoquer une nuisance ou un risque pérenne pour les personnes ou l'environnement".
...comme le miel
On ne trouvera plus une personne, même à Plougastel-Daoulas, pour contredire ces faits : le plastique est un polluant néfaste pour la biodiversité, qui se retrouve sous forme de microparticules dans la nature, contaminant le nectar des fleurs, s'incruste dans le miel et fait de l'abeille une complice involontaire de notre intoxication alimentaire.(lire http://ddlabeillaud.blogspot.fr/2014/10/cest-foutu-du-plastique-dans-le-miel.html). 
Puisqu'il s'agit bien de reconnaître notre irresponsabilité et d'être comptable du passif, je pouvais m'attendre à ce que le sondage réalisé auprès des organisations compétentes éveille des réactions. On verra malheureusement dans la seconde partie du film "C'est bâché !" qu'il n'y a rien à attendre de la passivité des acteurs (agriculteurs, collectivités, propriétaires, industriels, chambre consulaire et établissement public), quelles en sont les conséquences et comment essayer de réagir.

jeudi 12 mars 2015

Récit d'une éclipse

Locataire d'une brutale désillusion amoureuse, j'astreins mon esprit depuis quelques jours à s'éclipser dans une marche quotidienne. La campagne toute proche aide à soutenir l'effort qui m'emmène cette fois-ci vers le difroud et les chemins creux. J'ai à peine entamé le tracé boueux que je tombe sur une décharge maintenant familière à mes yeux : plusieurs rouleaux de plants de tomates, hébergeant des ficelles et autres bouts de plastiques. Cette découverte éveille ma curiosité épidermique et m'entraîne dans des sentiers déconseillés à la pratique de la randonnée mais fortement marqués par le passage de véhicules lourds. 
Après une fouille méticuleuse soldée par l'échec, et sans le savoir, je me retrouve projeté à l'arrière de Runavod et dans quelques souvenirs d'un passage dans ce hameau. Je reconnais la maison qui m'avait accueilli 3 ans plus tôt. Je m'approche d'elle pour rendre visite à sa propriétaire. Il s'agit de Mme Th., je le lis sur la boite aux lettres. Je frappe une fois, puis renouvelle le geste. Après un effort de concentration je finis pas percevoir le son d'une voix. Je jette un regard par la fenêtre d'où elle provient : "Entrez" s'écrit un lit médicalisé. Je franchis le seuil de la maison, pousse la porte de la pièce de gauche et tombe nez à nez avec une vieille dame souffreteuse, c'est elle qui occupe le lit. J'ai du mal à reconnaître Mme Th. Le temps commence à sentir la saisine. Elle n'est pas toute seule. La TV lui tient compagnie, enfin, de là où elle est, elle ne peut apprécier que le tintamarre de scènes qu'elle ne verra pas.
"Bonjour Madame,
- Qui êtes-vous ? Ces mots semblent faire un effort ventriculaire pour s'arracher de la glotte. Malgré tout, l'expulsion est facilitée par une bouche constamment ouverte, parsemée de quelques dents. Le spectacle d'un palet orné d'orifices quasi vitreux me rend compassionnel.
- David, vous vous souvenez certainement pas mais vous m'aviez appelé il y a trois ans pour me parler du lagunage. Je ne sais pas si c'est utile mais je parle haut. D'ailleurs je vois qu'elle peine à rassembler le peu de lucidité qui lui reste,
- Ah bon ?
- Oui, vous m'aviez dit que vous aviez eu déjà la visite d'élus pour en parler et que vous ne les aviez jamais revu. Moi je vous avais dit que je reviendrai vous voir et je voulais vous remercier parce que c'est grâce à vous que l'on va bientôt parler de lagunage à Plougastel. Merci Mm Th.
La bouche ouverte s'étire et se fend d'un rire héroïque,
-Ah ! Tu ne connaissais pas le lagunage avant ?
- Non. Merci encore. Les rires recommencent.
- Prends moi la main, me demande t'elle soudain. Je m'exécute sans sourciller. J'aimerais me relever, tu peux m'aider ?
- Je n'ose pas je pourrais faire un mauvais geste. Je vais vous laisser maintenant. Tenez je pose sur la table des jonquilles que j'ai cueillies". Elles redonneront un peu de fraîcheur et de renouveau dans un décor qui s'éteint et sent le passé. J'espère que l'aide soignante pensera à les mettre dans un vase.
Après quelques adieux rapides je sors et rejoins ma vie. Ce n'était pas un moment ordinaire. Je devais revenir pour entendre un rire qui s'éternisera après elle.

mercredi 4 mars 2015

L'Abeillaud seul en pointe

Dans un article d'avril 2012 consacré au centre de formation du stade brestois, le journal 7 jours à Brest titrait : "centre de formation. L'Abeillaud seul en pointe". Il s'agissait pour moi à l'époque de réagir activement pour tenter d'alerter sur une hérésie urbaine en cours dans un bocage à protéger, à savoir la construction sur 10 ha d'un centre de formation et d'entrainement du club phare du Finistère. Le maire de la commune avait bien entendu apporté son soutien à ce projet, voyant certainement une nouvelle aubaine pour lui de flatter son égocentrisme et gonfler l'orgueil de la commune par une si prestigieuse installation bouffeuse d'espace agricole. Il se fichait bien d'ailleurs d'appliquer à la lettre la réglementation environnementale. Bien mal lui en a pris. Le passage en force et l'absence de concertation n'ont pas été de bons alliés.
Oui seul en pointe à cette époque-là ou quasi seul sur le terrain pour faire face à des politiques, des propriétaires, des investisseurs, des entreprises, et des supporter haineux. Jusqu'à ce que d'autres parviennent ensuite à révoquer le permis de construire en faisant constater la présence d'espèces protégées et notamment l'escargot de Quimper. Cette procédure administrative fut la bienvenue car elle permit de stopper net une expansion urbaine incontrôlée sur une zone qui, soi dit en passant, est concernée par des dispositions inscrites dans le Plan Local d'Urbanisme (trame verte). En l’occurrence elle fut également la bienvenue pour le club de football, rétrogradé alors en Ligue 2, car avec cette rétrogradation les investisseurs reconnaissent aujourd'hui que les dépenses induites à la construction de ce complexe sportif n'auraient pas pu être assumées par le club. 
3 ans plus tard, les nouveaux dirigeants du stade brestois, après avoir résolu la question du centre de formation pour les jeunes avec une implantation sur Brest, doivent cependant chercher un autre lieu pour accueillir un nouvel espace dédié à l'entrainement des professionnels du club. Des négociations ont été entamées entre le maire de Plougastel et les dirigeants du club sur la base d'un "gagnant-gagnant" (réfection de vestiaires du club local, et vente par la commune de terrains de foot existants et partiellement aménagés pour les besoins de sportifs de haut niveau). Jusque là il n'y a pas de quoi sortir son aiguillon. Sauf que la prudence et la vigilance sont de mise quant il s'agit des ambitions disproportionnées de Dominique Cap. D'où l'idée d'une action flash en ce début du mois de mars  par un appel à rassemblement. Mais seul... de nouveau seul en pointe...(l'espèce humaine est vraiment étonnante : elle est la seule sur la planète à reproduire les mêmes erreurs et ne pas retenir les leçons du passé).
Dans les gradins du stade Francis Le Blé on entend : "Brest, ici c'est Brest". A Plougastel c'est l'escargot qui chante
Cette action de sensibilisation n’avait pas pour objet de nuire aux intérêts sportifs du Stade Brestois ni à ceux du club local mais simplement de rappeler que le maire de Plougastel-Daoulas a, par le passé, montré une incompétence frappante dans la gestion du projet initial de 2012 notamment sur ses obligations en tant que premier magistrat. Il est en effet de sa responsabilité de faire appliquer les règlements même les plus contraignants à ses yeux, comme ceux sur l’environnement et sur la préservation de la biodiversité (deux espèces protégées sont signalées sur site en plus de l’escargot de Quimper : la fougère dryopteris oemula et l’écureuil roux) et de respecter les orientations du PLU et du SCOT du pays de Brest qui préconise « un développement urbain maîtrisé » sur la commune.
A l’heure actuelle, et d’après les informations à notre disposition, l’impact environnemental serait négligeable puisque seul un "champ de maïs", situé sur le choix du site de départ, serait transformé en terrain synthétique. Tant mieux. Et tant pis. J'avais déjà annoncé à la radio en 2013 que je n'allais pas me battre seul pour 2 ou 3 ha de maïs. Seul oui seul une fois de plus, enfin pas tout à fait seul car la presse s'est déplacée mais hors de question pour moi de me retrouver isolé au départ. Donc exposition médiatique à minima. En tout cas, à mes yeux, c'est une occasion loupée pour les défenseurs de l'environnement de mettre la pression sur le maire pour qu'il respecte scrupuleusement les règles en vigueur.
A l'image des réactions sur Plougastel ?
Il est à regretter toutefois que d’autres acteurs de la commune ne soient pas associés au préalable aux discussions sur ce nouveau projet comme ces défenseurs de l’environnement. Le manque de concertation doit nous faire craindre des approximations déjà observées en 2012. Car pour l’instant aucunes garanties ne sont apportées quant au maintien en l’état des chemins communaux ni sur la volonté de conduire des études d’impact nécessaires à une respectueuse cohabitation. La vigilance, qui n'est pas de l'obstruction, est donc requise.
Enfin et de façon indirecte, n’est ce pas là, au fond, une occasion unique pour le maire de s’octroyer de nouvelles réserves foncières pour de futures constructions avec un important empiétement urbain ? Associer les acteurs de la protection de l'environnement à la démarche permettrait ainsi de lever les doutes. 
En tout cas ici c’est pas Brest, ici c’est Plougastel, ici c’est l’escargot ! Ici git l'Abeillaud !

Dessin de Marcel de la gare