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jeudi 28 mai 2015

En marche contre Monsanto

La marche mondiale contre Monsanto et consorts (Bayer, Syngenta, Basf, Limagrain, Avril,...) organisée le 23 mai dernier a pris une nouvelle dimension. C'est en effet dans plus de 50 pays que des initiateurs locaux ont apporté leur contribution à la réussite de ce rassemblement planétaire. En Bretagne, près de 6500 personnes ont convergé dans les rues de Brest, Carhaix, Lorient, Nantes et Rennes pour condamner la nocivité du modèle économique et agrochimique de Monsanto développée par la commercialisation de produits tel que le Round up. Après que le millier de manifestants ait entendu les différents protagonistes présents sur l'esplanade de l'espace Glenmor à Carhaix, il semblait bon pour notre part d'humanité de consacrer une minute au silence de ceux et celles qui ont été victimes des pesticides, en Bretagne comme ailleurs.

"Ni dans les champs, ni dans les assiettes". Ce slogan, toujours d'actualité, fait rappeler que la résistance citoyenne ne doit jamais cesser de germer à chaque occasion offerte. Cette résistance apparaît d'autant plus légitime quand ce rappel fait écho dans les propos d'un élu régional, René Louail invitant à la désobéissance civique. Son message doit être entendu, en tout cas, dans un premier temps inciter à la vigilance, car des verrous sautent au niveau européen. La commission européenne vient en effet d'autoriser l'importation et la commercialisation de 19 nouveaux OGM, dont 11 produits modifiés de Monsanto. Devant la levée de boucliers de pays membres, réfractaires à la mise en culture d'OGM sur leur territoire, cette réforme est accompagnée d'une nouvelle proposition spécifiant que les Etats membres pourront interdire cette commercialisation. Or le commerce de l'OGM est poreux (importation de millions de tonnes de soja OGM en Bretagne pour un apport protéique dans l'alimentation du bétail) ou se glisse dans n'importe quel produit européen, découpé, transformé ou préparé et qui atterrit dans les gamelles. 
"Monsanto assassin ! Assassin Monsanto !". Cette diatribe applaudie dans les rangs des manifestants de Carhaix renvoie les motivations de cette marche à d'autres préoccupations plus locales, en lien avec l'usage de pesticides, à la fois chez les professionnels et les particuliers. Le message de désobéissance civique de René Louail a bien été entendu par certains militants. En marge de la marche, deux entreprises ont fait l'objet d'une attention toute particulière de leur part. 
Tout d'abord Fertilwest, implantée près de la gare sur une zone sensible, sevesoLe groupe Fertilwest distribue une large gamme de produits d'agro-fournitures à usage des professionnels, tels que des produits de protection comme des désherbants totaux (round up bioforce...) ou sélectifs (sur maïs par exemple). Le souligner par une visite nocturne sur site, en accrochant une banderole "Stop à Monsanto" à la tourelle des silos, paraissait opportun (Lire lien ci-dessous).

Autre lieu de vente, autre public, le magasin de jardinage Point vert. L'intrusion citoyenne, opérée dans l'allégresse d'une reconnaissance de notre action comme d'utilité environnementale, basée sur le principe de précaution d'usage pour la santé humaine, présentait un double intérêt. 
Des jeunes en action contre le Round up
D'abord parce que le réseau des magasins Point vert continue à banaliser la vente de la gamme "round up" comme un élément incontournable de maintien de la bonne santé du jardin des particuliers. En dehors d'une proportion des utilisateurs a arrosé tout ce qui pourrait nuire au bien être de leurs hybrides jaunes ou bleus, l'irresponsabilité des magasins résident dans l'absence d'affichage d'informations concernant les effets dévastateurs de son introduction dans l'environnement et dans les cellules humaines. Savent-ils que des recherches ont trouvé des résidus de round up dans des prélèvements de cheveux de personnes qui n'utilisaient pas le produit ? A priori non. D'où l'improvisation de militants qui, le temps d'une visite au Point vert de la commune, se sont travestis en employés modèles grâce à l'apposition de stickers sur des bidons "round up" soulignant les dangers de cet agent de l'écocide.
Ensuite parce que les magasins Point vert appartiennent à la coopérative Nutréa-Triskalia. Cette entreprise qui s'est engagée dans une démarche d'Agriculture écologiquement intensive (sic) est effectivement exemplaire quand il s'agit d'exposer intensivement et intentionnellement des salariés aux pesticides (Nuventotal), ne bénéficiant, qui plus est, d'aucune autorisation de mise sur le marché. Ce qui sans réaction de leur part pouvait nuire par contre au bénéfice du groupe par la destruction de plusieurs tonnes de céréale dédiées à l'alimentation du bétail, alors infestées de champignons. Ces salariés exposés ont développé une hypersensibilité chimique multiple, constatée par la médecine du travail. A t'on par contre la moindre notion élémentaire pour déterminer ce que provoqua l'indigestion par des animaux d'une alimentation gorgée d'un élément toxique ? Les services sanitaire et vétérinaire ont-ils enclenché une procédure de traçabilité de l'aliment ? A t'on pris des mesures drastiques afin d'éviter d'introduire dans la chaîne alimentaire les lots de carcasses de viande contaminée? Les réponses ont surement été englouties sous forme de steack haché ou de rôti de porc.
La marche mondiale contre Monsanto, et contre tous ceux qui ont la même façade crapuleuse, risque d'être longue. mais à force de pugnacité les consommateurs finiront par comprendre que boycotter des marques s'apparente aussi  à une forme de prise de conscience. C'est pour ça qu'il faut leur faire saisir qu'à Carhaix nous n'étions pas un millier mais des centaines de milliers et ainsi les encourager à rejoindre les cortèges de l'an prochain.


Merci à toutes les organisations à l'origine de l'appel (AE2D, Alerte à l'Ouest, Solidaires Bretagne, la coordination verte et bleue et ses associations membres, Ingalañ Bro Montroulez, Sous le vent les pieds sur terre, le SAPB, Eaux et rivières de Bretagne, Attac).
Un remerciement chaleureux à Goutal, Erwan et Sylvie, Perrine et à tous ceux qui sont venus à la réunion au cessonnais, Ka, Tof et Dom, Yves et Guido, Mickaël, Sophie et Lionel, mon assistant YM, ma reine de coeur Sandra, à Eddy, Anna, Colette et Matthieu, Marion et Bruno pour les photos, Thierry et ses copines clowns, aux musiciens, Joël et Serge, mais aussi à Claude, Laurent, Pascal, Stéphane, Edith et enfin Léna.



samedi 16 mai 2015

A quand une ZAD dans le Poher ?

Droit de réponse, article du Ouest -France à propos de Christian Troadec et de son projet d'une zone d'intérêt régional dans le Poher

Monsieur le maire,

Nous apprenons à la lecture de l'article du Ouest France du 15 mai votre volonté de voir le Centre Bretagne devenir une "zone d'intérêt régional" (ZIR), qui dépasserait même les limites de la communauté de commune du Poher et de Carhaix. http://www.ouest-france.fr/centre-bretagne-christian-troadec-est-pour-une-zone-dinteret-regional-3401175
Si vous le permettez, Monsieur le Maire, j'aimerai apporter un éclairage sur la ZIR. Sous l'égide de la Chambre de Commerce d'Industrie de Bretagne, la ZIR est une réserve foncière rendue disponible à l'implantation et au développement économique, et notamment aux activités industrielles. Les études réalisées montrent que des disparités existent entre territoires et que la saturation constatée sur le littoral entraîne des tensions sur l'acquisition du foncier. L'autre constatation indique que le Finistère est le département de Bretagne (hors Loire-Atlantique) le plus impacté quant à la création de ZIR. Avec votre projet, c'est tout le Finistère qui finirait pas être couvert de zones industrielles, un véritable Zirque.
Je vous entends déjà me répondre que l'emprise au sol des zones d'activité représente à peine 1 % du territoire breton. Je vous ferai rappeler que nous perdons tous les 7 ans l'équivalent d'un département sous le béton de surface commerciale, industrielle, et de construction dans l'immobilier.
Vous pronostiquez que le centre Bretagne "peut jouer le rôle de base arrière économique du port de Brest". On comprend mieux votre opposition farouche au principe de l'écotaxe si vous voulez jeter sur la route plus de poids lourds encore, allant à l'encontre d'un raccourcissement des liaisons commerciales, plongeant le Poher dans les excès de la marchandisation mondialisée. Votre dernière visite en Chine n'augure rien de bon. Vous allez faire de Brest la porte d'entrée à un capitalisme débridé. Vous prétendez être le défenseur des intérêts bretons mais vous pariez sur des forces économiques extérieures et énergivores pour assurer le développement du pays ? Étrange conception du patriotisme breton que vous affichez là. 
Vous avancez que les secteurs concernés "disposent de fonciers importants, à des prix abordables, ce qui n'est pas forcément le cas du littoral". Effectivement les dirigeants chinois sont moins regardant sur les aspects de préservation de l'environnement et privilégient les petits prix. Encore une chance d'ailleurs que le littoral soit inaccessible à la gourmandise chinoise, il suffit pour s'en convaincre de voir le gigantisme de l'usine de poudre de lait de Synutra à Carhaix. A ce propos, je présume que vous aviez eu vent du scandale du lait infantile contaminé par des hormones en 2012 commercialisé par cette même firme ? Hormones vendues par Monsanto ? Oui bien sur, c'est évident. Essayez les hormones de décroissance plutôt !
Vous avez bon appétit Monsieur le maire, un appétit féroce qui s'apparente à de la boulimie d'un mégalomane rêvant d'un destin républicain. Mais il est vrai que pour s'adresser aux chinois, la stature de candidat aux élections présidentielles françaises est bien plus vendeuse que les simples mandats de maire d'une petite commune ou de conseiller départemental.
100 000 T de poudre infantile seront produites tous les ans. A quand la ferme des 1000 vaches ?
Je vous suggère de revoir votre régime alimentaire, trop industriel, trop expansionniste. Préférez une agriculture à taille humaine et respectueuse de l'environnement pour agrémenter vos menus locaux, sans ZIRque ajouté. La terre agricole bretonne a vocation à produire une alimentation à destination à la fois des humains et des animaux. Nous avions des parcs naturels, des parcs à loisirs, bientôt nous aurons des parcs industriels disproportionnés. 
Vous allez me parler de l'emploi. Et quel emploi ! Rien que pour L'usine de Synutra, 100 emplois directs créés. 100... au regard des millions investis... Avons nous d'ailleurs des garanties sur les travailleurs détachés ? Soutenez plutôt la création de nombreux emplois dans l'agriculture biologique, emplois qui plus est non délocalisables. 
Ce qui me fait dire que vous nous prévoyez un modèle économique à l'image d'autres projets inutiles et imposés comme l'aéroport de NDDL. Alors, à quand une ZAD dans le Poher ?