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jeudi 2 novembre 2017

Des sangliers en pagaille, la faute à qui ?

Publication de l'Abeillaud

Autant doit-on se mobiliser pour faire respecter le code de l'environnement concernant les espèces protégées, comme l'escargot de Quimper, autant on peut comprendre la nécessité de classer certains animaux comme nuisibles et vouloir leur régulation, à fortiori, et dans un premier tempspour le bien de l'environnement et des équilibres écologiques.
A Plougastel-Daoulas, et dans les communes environnantes, nous avons deux espèces d'animaux nuisibles, l'un est "braconnier", l'autre est sanglier. Le premier, connu de beaucoup, qui s'attribue le droit à tuer, s'impose en tout impunité, sans rendre de compte à qui que ce soit, alors que le second, lui aussi sauvage, fait l'objet d'une réglementation très stricte et que sa destruction nécessite une intervention bien cadrée. 
Si le second nuisible a proliféré sur la commune c'est bien parce que le premier a décidé, pour satisfaire ses parties de chasse, de le réintroduire sur la presqu'île, dixit des témoignages différents et sans liens entre eux. A défaut de preuves, il reste la parole off de certains chasseurs, plus éclairés, qui s'opposent à la chasse au sanglier, pour corroborer ces différentes sources.
Il est entendu que le premier nuisible ne peut être condamné à la peine de mort. La morale proscrit un tel passage à l'acte, heureusement ! En revanche, le sort du second est bien moins enviable, surtout quand il se multiplie et commence à saccager sérieusement les terrains agricoles et les pâtures. Les dégâts sont préjudiciables et peuvent entraîner soit la cessation d'activité agricole bio (saccage de cultures avec le versement d'indemnités qui sont en deçà de la perte) soit des contraintes supplémentaires pour les éleveurs (dispersion du bétail par effarouchement). Le rôle du chasseur devient alors essentiel pour tenter de répondre à des situations qui peuvent dégénérer et faire du tort à la tranquillité des animaux domestiqués (cheval, veau et vache,...) et par voie de conséquence à la sécurité de tout à chacun. La Fédération de chasse du Finistère a bien conscience du problème, et c'est bien parce qu'elle a pris toute la mesure des nuisances occasionnées par le sanglier, que l'animal a été classifié comme animal nuisible, même si on peut regretter qu'elle n'organise pas davantage de battues.

photos ci-dessus : secteur de Kervezingar huella
Coucou ! Le plastique se découvre


Photos ci-dessus : secteur Kroas ar vosenn/Kerzivez izella

Quels sont donc les moyens d'actions mis en oeuvre ? Déjà, premier cas de figure, on désigne une personne habilitée par la fédération de chasse du département. Cette personne, qui enfile l'uniforme de garde, intervient toute l'année en dehors des périodes de chasse. Autre cas de figure, l'abattage s'organise au cours d'une chasse ou lors d'une battue administrative. Cette battue administrative, sous la responsabilité du Lieutenant de louveterie, se déroule en collaboration avec la Fédération de chasse, sous l'égide de la préfecture du département et les services rattachés à ses missions (Direction départementale des territoires et de la mer). D'autre part, le propriétaire peut exercer, par délégation expresse, un droit à destruction, et selon le code de l'environnement (art. R. 427-8) peut le soumettre à une tierce personne. Il est conseillé de remettre ce droit à destruction à un détenteur de droit de chasse. 
http://www.oncfs.gouv.fr/Fiches-juridiques-chasse-ru377/Delegation-du-droit-de-destruction-des-animaux-nuisibles-ar1591
Enfin, des tirs de destructions réalisés par des agents de l'office de la chasse sont possibles. Ce dispositif exécuté de nuit est plus efficace mais reste plus difficile à obtenir.
Dans le cas de Plougastel-Daoulas, ces mesures appliquées, ou en l'absence de leur application, n'ont pas suffi à décourager la bête qui s'installe progressivement dans les friches, devenues un refuge pour la horde. 


Plusieurs propriétaires ou locataires de parcelles sont aujourd'hui excédés par cet envahissement et demandent, tout à fait naturellement, à ce que l'on leur rende des comptes. Malgré tout, l'intervention des chasseurs semblerait facilité si les parcelles étaient baillées à la société de chasse de la commune. Les chasseurs interviendraient, dans ce cas-là, lors d'une battue. Si toutefois, le propriétaire interdit l'exercice de la chasse sur ses terrains, il donne une autorisation de destruction qui sera donnée à 1 ou 2 personnes (soit à un garde de chasse, soit directement à un chasseur). Encore faut-il que les sangliers soient sur place... car du fait de son état sauvage et de sa mobilité (un sanglier peut parcourir entre 30 et 50 km/jour). Le sanglier étant considéré, en terme de droit, comme "res nullius" ("la chose de personne"), il est donc impossible de déterminer les responsabilités par rapport aux ravages produits par cet animal, surtout si la société de chasse n'a aucune autorisation pour pratiquer cette activité sur les parcelles dévastées. La tentation est forte de vouloir montrer du doigt le maire de la commune en lui demandant de prendre les mesures adéquates. Sauf que, en l'état, même s'il lui revient de gérer un territoire, de garantir l'application des règles du Code général des collectivités territoriales, il lui sera facile de rejeter légitimement sa responsabilité, car limité dans ses pouvoirs et qu'il revient à d'autres de réagir. 
http://www.oncfs.gouv.fr/Fiches-juridiques-chasse-ru377/Le-maire-et-ses-pouvoirs-en-matiere-de-chasse-ar1731. Toutefois, dans le cas du sanglier, et dans le cadre de destructions administratives, le préfet peut déléguer ses pouvoirs au maire.
En tout état de cause, les propriétaires concernés par les saccages ont tout intérêt à se réunir pour exiger l'organisation plus systématique de battues administratives. Ils n'ont plus, alors, qu'à s'adresser à la Fédération de chasse, en faisant copie de leur courrier à la Préfecture et à la Direction départementale des territoires et de la mer, en n'oubliant pas de localiser les parcelles et fournir tous types de fichiers (photos, vidéos) utiles à l'instruction de leur requête.
Diminuer la population de sanglier épargnerait à beaucoup l'angoisse de voir leurs animaux s'enfuir, effrayés par leur brusque apparition. Jusqu'à présent, des collisions entre le bétail en cavale et des automobilistes ont été évitées. Mais jusqu'à quand ?* 
Il y aurait un second avantage à tirer de la diminution de cet animal nuisible, celui de voir l'activité du premier nuisible, le "braconnier", se réduire comme peau de chagrin. Autant préciser tout de suite, que cela ne nuirait nullement à la moralité. 

*depuis la parution de l'article, on m'a signalé qu'un sanglier avait été trouvé mort sur la bas côté de la route menant à la pointe de l'Armorique.
Plougastel-Daoulas. Saccages dans les cultures par des sangliers
Condamnés pour avoir lâché des sangliers

St Malo. Une chasse aux sangliers exceptionnelle

Battues administratives par les chasseurs de la Plougastellen

Moselle. décès suite à la charge d'un sanglier

Des rabatteurs blessés par un sanglier

2 commentaires:

  1. l'article sur les sangliers est bien enlevé ; instructif ; équilibré ; c'était pas simple...
    encore bravo !

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  2. Plougastel-Daoulas. Sangliers. "A quoi ça serre" recueille le témoignage de propriétaires de parcelles, saccagées par le passage des sangliers. L'association se mettra ensuite à la disposition des personnes afin de les renseigner sur le règlement administratif, l'application du code de l'environnement, les modalités d'intervention, et les contraintes liées à la destruction d'un animal nuisible. Merci de se faire connaître avant le 31 novembre en envoyant un courriel à : disentus@gmail.com

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